
L’association Vivre au Sahel (AVS Mali) est aujourd’hui un acteur clé dans la protection de l’environnement et dans la défense des communautés qui vivent au quotidien les conséquences de la crise climatique. Nous le savons tous, notre environnement n’est pas une abstraction : il impacte directement notre qualité de vie, notre santé, notre sécurité alimentaire, notre avenir. Et pourtant, il est souvent négligé, comme si la nature pouvait supporter indéfiniment nos erreurs et nos manques de solidarité.
Ce paradoxe est cruel : nos pays du Sahel, et particulièrement le Mali, sont parmi les moins pollueurs de la planète. Nous ne produisons pas les grandes quantités de gaz à effet de serre qui dérèglent le climat mondial. Mais nous sommes parmi les plus touchés par les conséquences de cette crise climatique. C’est une injustice flagrante, une contradiction qui devrait interpeller la conscience internationale.
Les phénomènes climatiques extrêmes se multiplient : inondations dévastatrices, désertification galopante, températures extrêmes qui brûlent les terres, précipitations irrégulières qui détruisent les récoltes. Ces bouleversements frappent de plein fouet les populations dont les activités dépendent directement de l’environnement : les agriculteurs, les éleveurs, les pêcheurs. Quand la pluie ne vient pas, c’est la famine. Quand le fleuve s’ensable, c’est la pauvreté. Quand la terre se dégrade, c’est l’exode.

Les dix dernières années ont été une démonstration brutale de cette vulnérabilité. Les communautés du Sahel, et particulièrement celles du Mali, sont exposées à des chocs répétés qui dépassent leurs capacités de résilience. Les familles s’épuisent à reconstruire après chaque catastrophe, mais la suivante arrive toujours trop vite.
Parmi ces menaces, l’ensablement du fleuve Niger est l’une des plus graves. Ce fleuve n’est pas seulement une étendue d’eau : il est une source de vie, un patrimoine, une colonne vertébrale pour des millions de personnes. Mais aujourd’hui, le sable envahit son lit, réduisant le débit, limitant l’accès à l’eau potable. Les conséquences sont dramatiques.
La pêche s’effondre, privant les familles de revenus et de protéines essentielles. La riziculture et le maraîchage, qui dépendent de l’irrigation, sont menacés, accentuant l’insécurité alimentaire. La navigation fluviale devient difficile, isolant les villages et freinant les échanges commerciaux. Les femmes, souvent responsables de l’approvisionnement en eau, doivent parcourir de longues distances pour trouver ce bien vital. Les jeunes, privés d’opportunités économiques, se retrouvent vulnérables, exposés au recrutement par des groupes armés qui profitent de leur désespoir.
Au-delà des chiffres, c’est la dignité et la survie de millions de personnes qui sont en jeu. Quand un enfant ne peut plus manger à sa faim, quand une mère doit choisir entre nourrir sa famille ou marcher des kilomètres pour chercher de l’eau, ce n’est pas seulement une statistique. C’est une injustice humaine, une blessure qui devrait nous révolter.
C’est dans ce contexte que l’ONG AVS Mali s’engage, avec ses moyens limités mais avec une volonté intacte. Notre mission est de soutenir les communautés, de freiner la désertification qui menace le fleuve Niger, et de redonner espoir à travers la récupération des terres dégradées.
Nos activités se concentrent sur la fixation mécanique et biologique des dunes de sable dans la région de Tombouctou. Concrètement, cela signifie planter, restaurer, protéger. Cela signifie travailler avec les communautés pour restaurer la faune, pour redonner vie aux terres, pour que les familles puissent à nouveau cultiver, élever, pêcher. Ce n’est pas une tâche facile. Les dunes avancent, le sable recouvre les champs, mais chaque arbre planté, chaque dune fixée est une victoire.
Nous savons que nos actions ne sont pas parfaites. Parfois, les résultats sont lents. Parfois, les moyens manquent. Parfois, les communautés elles-mêmes doutent, fatiguées par tant de promesses non tenues. Mais nous avançons, pas à pas, avec humilité et détermination. Parce que nous croyons que la protection de l’environnement n’est pas un luxe, mais une nécessité vitale.
Nous croyons aussi que la lutte contre la crise climatique dans le Sahel est une responsabilité collective. Les pays riches, qui polluent le plus, doivent assumer leur part. Les institutions internationales doivent investir dans la résilience des communautés les plus vulnérables. Les citoyens du monde doivent comprendre que protéger le fleuve Niger, restaurer les terres du Mali, ce n’est pas seulement sauver une région lointaine. C’est protéger l’équilibre de notre planète commune.
Notre plaidoyer est simple : ne laissez pas les communautés du Sahel seules face à la crise climatique. Ne laissez pas les femmes marcher des kilomètres pour chercher de l’eau. Ne laissez pas les jeunes tomber dans le piège des groupes armés faute d’alternatives. Ne laissez pas les enfants grandir dans la faim et la pauvreté alors que des solutions existent.
Nous appelons à une mobilisation urgente et solidaire. Nous appelons à des investissements dans la restauration des terres, dans la protection du fleuve Niger, dans l’appui aux agriculteurs et aux pêcheurs. Nous appelons à une reconnaissance de l’injustice climatique qui frappe nos pays, et à une action concrète pour y remédier.
AVS Mali continuera, avec ses partenaires et ses communautés, à porter ce combat. Nous continuerons à planter, à restaurer, à sensibiliser. Nous continuerons à croire que chaque dune fixée est une promesse de vie, que chaque terre restaurée est une promesse d’avenir.
Parce que dans le désert, là où tout semble hostile, un arbre peut devenir un symbole d’espoir. Parce que dans le fleuve Niger, là où le sable avance, une goutte d’eau peut devenir un symbole de dignité. Parce que chaque enfant du Sahel mérite de grandir dans un environnement qui lui donne une chance, et non dans un environnement qui l’écrase.
