Les régions désertiques du nord du Mali sont aujourd’hui le théâtre d’une double crise : celle de l’insécurité persistante et celle des effets dévastateurs du changement climatique. Depuis 2012, les populations y vivent dans une fragilité permanente. Les déplacements forcés, les attaques contre les civils et les violations des droits humains se succèdent, laissant des cicatrices profondes dans le quotidien des familles. Les femmes et les enfants, comme souvent, en paient le prix le plus lourd.

Dans ces zones reculées, l’accès aux soins de santé est presque inexistant. Les centres de santé sont rares, parfois fermés, et les routes impraticables rendent tout déplacement périlleux. Les communautés se retrouvent exposées à des maladies évitables, mais faute de moyens, elles n’ont pas la possibilité de se protéger. Beaucoup d’enfants n’ont jamais reçu une seule dose de vaccin, d’autres ont été vaccinés de manière incomplète. Cela les rend particulièrement vulnérables aux épidémies saisonnières qui, chaque année, frappent sans prévenir.

C’est dans ce contexte difficile que l’Association Vivre au Sahel (AVS) s’engage avec détermination. Notre mission est simple mais vitale : atteindre les enfants des communautés éloignées et leur offrir la vaccination, ce geste de protection durable qui peut sauver des vies. Pourtant, la tâche est immense. Les régions désertiques du nord du Mali cumulent les obstacles : manque de ressources, insécurité permanente, dispersion des populations nomades. Chaque enfant vacciné représente une victoire, mais aussi un défi logistique et financier.

Il faut le dire sans détour : vacciner un enfant nomade coûte plus cher que vacciner un enfant sédentaire. Les équipes doivent parcourir des kilomètres à travers le désert, parfois sous la menace d’attaques armées, pour retrouver des familles en déplacement. Les doses de vaccin doivent être transportées dans des conditions de conservation strictes, ce qui exige des équipements coûteux et une organisation sans faille. Et pourtant, malgré ces contraintes, nous ne pouvons pas détourner le regard. Car derrière chaque enfant non vacciné, il y a une vie fragile, une histoire, un avenir menacé.

Nous savons que les chiffres parlent d’eux-mêmes : des milliers d’enfants sont exposés à la maladie, faute de protection. Mais au-delà des statistiques, il y a des visages, des sourires, des regards qui nous rappellent que la vaccination n’est pas seulement une question de santé publique. C’est une question de dignité, de justice, de droit fondamental. Les imperfections de notre action existent : parfois nous arrivons trop tard, parfois nous manquons de moyens, parfois nous devons faire des choix douloureux. Mais chaque pas, chaque campagne, chaque dose administrée est une preuve que l’espoir reste possible.

Aujourd’hui, nous lançons un appel. Les enfants du nord du Mali ne doivent pas être oubliés. Leur protection est une responsabilité collective. Les partenaires, les institutions, les citoyens engagés doivent unir leurs forces pour soutenir cette mission. Investir dans la vaccination, c’est investir dans la paix, dans la résilience, dans l’avenir.

AVS continue, avec ses moyens limités mais sa volonté intacte, à porter ce combat. Parce que dans le désert, là où tout semble hostile, un simple vaccin peut devenir un symbole de vie. Et parce que chaque enfant, qu’il soit nomade ou sédentaire, mérite de grandir à l’abri des maladies évitables.